Les relations diplomatiques entre la France et la Russie : plusieurs siècles de réchauffements et de tensions

Vers un affrontement direct ?
La réponse du Kremlin
Une histoire mouvementée
Contre les Habsbourg
La visite de Pierre le Grand à Versailles
La méfiance de Louis XV
Un réchauffement inabouti sous Louis XVI
La Russie contre la Révolution française
Une volte-face à l’époque napoléonienne
La campagne de Russie
Des relations méfiantes
La Guerre de Crimée
L’alliance franco-russe
La Révolution de 1917
Face au péril nazi
Deux blocs opposés
Entre détente et refroidissement
La fin de la Guerre froide
Des accords de coopération
Le refus de la guerre en Irak
De nouvelles crises
Un dialogue avorté
L’amitié franco-russe : un mythe ?
Une hostilité larvée à l’égard des États-Unis
Une illusion dangereuse ?
Un jeu de dupes
Vers un affrontement direct ?

Face à l’avancée des troupes russes en Ukraine et au risque de désengagement américain, le président français, Emmanuel Macron, a déclaré fin février 2024 que l’envoi de troupes sur le sol ukrainien ne pouvait plus être exclu. Le premier pas vers un affrontement direct ?

La réponse du Kremlin

Suivant sa rhétorique habituelle, le Kremlin a décrit la position française comme une nouvelle expression de l’agressivité occidentale, mentionnant également la perte d’influence de la France en Afrique au profit de la Russie.

Une histoire mouvementée

La passe d’armes actuelle entre Paris et Moscou n’est qu’une nouvelle étape de l’histoire longue et mouvementée des relations entre les deux pays, faite de plus de trois siècles de réchauffements et de tensions.

Contre les Habsbourg

À mesure que la puissance russe s’affirme à l’est de l’Europe, au XVIIe siècle, la France voit en elle un allié potentiel contre la dynastie des Habsbourg, son principal rival sur le continent à l’époque.

La visite de Pierre le Grand à Versailles

Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été ouvertes lors de la visite de Pierre le Grand à Versailles, en 1717. Le tsar, que Louis XIV n’avait pas souhaité accueillir en France, a été reçu par le jeune roi Louis XV.

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La méfiance de Louis XV

Malgré l’ouverture d’ambassades permanentes, la France reste méfiante à l’égard de la Russie au XVIIIe siècle. Les deux pays s’affrontent même lors de la Guerre de Succession d’Autriche, de 1740 à 1748.

Un réchauffement inabouti sous Louis XVI

Sous le règne de Louis XVI, les relations franco-russes se réchauffent, car la France prend conscience du rôle de la Russie en Europe, tandis que l’impératrice Catherine II se réclame de l’esprit des Lumières. Mais les affrontements entre la Russie et l’Empire ottoman, un vieil allié de la France, sonnent le glas de ce rapprochement.

La Russie contre la Révolution française

Durant la Révolution française, la Russie se joint aux coalitions formées contre la France par les monarchies européennes qui considèrent ces événements comme une hérésie dangereuse.

Une volte-face à l’époque napoléonienne

À l’époque napoléonienne, la France et la Russie s’affrontent directement. Après avoir vaincu l’armée du tsar Alexandre Iᵉʳ à Austerlitz, puis à Friedland, Napoléon signe avec lui le traité de Tilsit, en 1807, qui fait de leurs pays des alliés.

La campagne de Russie

Cependant, Napoléon lance la campagne de Russie en 1812. Après avoir gagné une ville de Moscou vide et largement brûlée, la Grande Armée doit battre en retraite à cause de l’hiver et subit une cuisante défaite, la fameuse Bérézina.

Des relations méfiantes

La restauration de la monarchie permet à la France vaincue de retrouver sa place sur l’échiquier européen, où la Russie est en position de force. Mais ce pays reste méfiant à l’égard de la France à l’issue de la Révolution de 1848 et du « printemps des peuples » qui l’a suivie.

La Guerre de Crimée

Sous Napoléon III, la France et le Royaume-Uni soutiennent l’Empire ottoman contre l’agresseur russe durant la Guerre de Crimée. Les États alliés infligent à la Russie une lourde défaite à Sébastopol, en 1856.

L’alliance franco-russe

À la fin du XIXe siècle, la France sort de son isolement diplomatique en s’alliant avec la Russie (et le Royaume-Uni) pour faire face à la Triple-Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.

La Révolution de 1917

Ces deux blocs s’affrontent au cours de la Première Guerre mondiale, mais la Russie se retire unilatéralement du conflit à l’issue de la Révolution bolchévique de 1917.

Face au péril nazi

Dans l’entre-deux-guerres, la République française se méfie de la Russie communiste. Cependant, face à l’imminence du péril nazi, les deux pays forment un pacte d’assistance mutuelle en 1935. En 1941, l’URSS rejoint les Alliés dans la lutte contre l’Axe.

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Deux blocs opposés

Durant la Guerre froide, la France et la Russie, toutes deux dotées de l’arme nucléaire, font partie de deux blocs opposés entre lesquels le risque d’affrontement militaire est permanent.

Entre détente et refroidissement

Dans les années 1960, la « détente » de la Guerre froide permet de relancer les relations franco-soviétiques. Cependant, la répression du Printemps de Prague en 1968 et l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979 suscitent un regain de tensions diplomatiques.

La fin de la Guerre froide

Marquée par la fin du communisme et par l’éclatement de l’URSS, remplacée par la Fédération de Russie, la fin de la Guerre froide est synonyme de réchauffement des relations bilatérales.

Des accords de coopération

Dans les années 1990 et 2000, Paris et Moscou concluent de nombreux accords dans différents domaines comme l’énergie nucléaire (1996), la sécurité intérieure (2003) ou les lanceurs spatiaux (2003), tout en développant la coopération culturelle.

Le refus de la guerre en Irak

L’amitié franco-russe a culminé en 2003 lorsque Vladimir Poutine, le président français Jacques Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schröder ont fait front commun contre l’invasion de l’Irak par les États-Unis.

De nouvelles crises

Mais l’idylle n’a pas survécu au renouveau des ambitions impérialistes de Moscou. L’invasion de la Géorgie, en 2008, et surtout l’annexion de la Crimée, en 2014, ont replacé les deux pays dans des camps opposés, la France se joignant aux sanctions occidentales contre la Russie.

Un dialogue avorté

À peine élu en 2017, Emmanuel Macron avait reçu Vladimir Poutine en grande pompe au château de Versailles, trois siècles après la visite de Pierre le Grand. L’objectif était alors d’arrimer la Russie à un dispositif de sécurité européen commun. Un échec.

L’amitié franco-russe : un mythe ?

Dans les colonnes du ‘Point’, l’ancien ambassadeur de France auprès des Nations unies, Gérard Araud, a dénoncé en 2022 « le mythe de l’alliance franco-russe », réfutant l’idée selon laquelle les deux nations sont « liées pour l’éternité au nom d’une relation spéciale et ancestrale ».

@ Michael Parulava / Unsplash

Une hostilité larvée à l’égard des États-Unis

« Les références inévitables aux deux guerres mondiales et au général de Gaulle ont servi le plus souvent d'arguments, tandis qu'antigermanisme et antiaméricanisme plus ou moins subtilement évoqués en étaient les justifications réelles. », précisait le diplomate.

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Une illusion dangereuse ?

Une position rejointe dans ‘Le Figaro’ par l’historien Pierre Branda, qui décrit l’alliance franco-russe comme une « illusion dangereuse », car « par le passé, nous avons été perdants quand nous nous sommes alliés avec le plus grand pays de la planète ».

Un jeu de dupes

Dès 1937, l’écrivain Emmanuel Berl indiquait que « la France a quand même plutôt pâti que bénéficié de ses rapprochements successifs avec la Russie, par quoi elle fut souvent trompée, souvent trahie et presque toujours déçue ». Des propos d’une étrange actualité !

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